D’où viennent les nouvelles variétés de pommes ?
La pomme est pourtant en constante rĂ©invention. L’espèce Malus domestica se dĂ©cline en quelque 7500 variĂ©ÂtĂ©s mises au point au fil du temps.Â
« AujourÂd’hui, les gens veulent des pommes croquantes et sucrĂ©es. Le QuĂ©bec importait beaucoup de Granny Smith il y a peu ; très acides, elles sont maintenant beaucoup moins prisĂ©es », explique David Wees, chargĂ© d’enseignement en horticulture et en biologie vĂ©gĂ©tale Ă l’UniversitĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ.
Sur le campus Macdonald, Ă Sainte-Anne-de-Bellevue, il s’occupe d’un verger, initialement plantĂ© en 1907, qui rassemble une vingtaine de variĂ©tĂ©s : Empire, Spartan, Cortland, les plus frĂ©quentes au QuĂ©bec avec la McIntosh, mais aussi Gala, Honeycrisp et sa prĂ©ÂfĂ©rĂ©e, la rare Nova Spy de Nouvelle-Écosse.
Cette plantation est rĂ©servĂ©e Ă la recherche et Ă l’enseignement, mais  de ce genre destinĂ©es Ă la crĂ©aÂtion variĂ©tale.
Si les agronomes veulent satisfaire les goûts changeants du public, ils et elles recherchent aussi des hybrides pouvant se conserver des mois et résister aux maladies, notamment à la tavelure, un champignon. « Au Québec, l’autre défi est le froid. Avant de cultiver une nouvelle variété, il faut voir comment les arbres se comportent sous notre climat », reprend David Wees.
Et l’homologation d’une variété ne suffit pas à assurer son avenir : il faut qu’elle séduise les producteurs et productrices et le public. Sa carrière peut aussi se terminer abruptement.
Prenez la McIntosh, découverte sur un pommier sauvage en Ontario en 1811. Véritable légende canadienne, elle a longtemps dominé les vergers ; elle est désormais jugée trop molle. Elle représente encore plus du tiers de la production québécoise, mais ses jours sont comptés.
Heureusement, d’aucuns veillent Ă ce que les anciennes pommes ne tombent pas dans l’oubli. « Au verger de ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ, nous conservons quelques vieilles variĂ©tĂ©s, comme la Wolf River, une pomme gigantesque mais vraiment acide », note David Wees. Ă€ l’occasion, il rĂ©cupère aussi quelques trĂ©sors. « La grand-mère d’un de mes Ă©tudiants avait deux pommiers mourants qu’elle aimait beaucoup. Nous les avons greffĂ©s pour les conserver ; c’est une variĂ©tĂ© du siècle dernier, la MontrĂ©al pĂŞche. » Qui sait, peut-ĂŞtre engendrera-t-elle la prochaine vedette des vergers ?