Les effets du VIH sur le cerveau
Une étude réalise un suivi de patients pour mieux comprendre les effets et les traitements possibles
Le 1er décembre, Journée mondiale du sida, est l’occasion de faire mieux connaître une maladie qui a touché 70 millions de personnes à l’échelle internationale, dont 35 millions en sont décédées.
Lorsque la plupart des gens pensent au sida, en général ce n’est pas en tant que maladie neurologique. Or, l’infection au VIH peut avoir des effets importants sur les fonctions du cerveau. En l’absence de traitement, le VIH peut causer une démence sévère. Grâce aux traitements antiviraux modernes, cette perspective sinistre est très rare, mais jusqu’à 50 % des patients recevant un traitement complet disent éprouver de légers problèmes de mémoire et de concentration. Des taux encore plus élevés ont été constatés chez les patients âgés de plus de 50 ans, un groupe en expansion rapide aux frontières des connaissances existantes au sujet des effets combinés du vieillissement et d’une infection au VIH de longue date. Cette atteinte cognitive peut affecter la capacité de travailler, d’assumer pleinement des rôles au sein de la société et de la famille, et de gérer la médication nécessaire pour traiter l’infection au VIH. Nous ne comprenons pas les causes de ces difficultés cognitives, non plus que les meilleures façons de traiter ces problèmes. Nous ignorons comment ces symptômes se rapportent aux problèmes de santé mentale, comme la dépression, qui sont courants chez ces patients.
Des chercheurs de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal à l’Université ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ et au CUSM, de concert avec une équipe de chercheurs d’autres universités et cliniques du Canada et de l’Australie, mènent pour mieux comprendre les effets de l’infection au VIH sur la santé du cerveau. L’étude envisage la santé du cerveau comme un tout, englobant la santé neurologique et mentale. Pendant trois ans, les 850 personnes atteintes du VIH qui se sont portées volontaires pour l’étude sont soumises régulièrement à des tests cognitifs et à des évaluations détaillées de leur santé générale, de leur humeur, de leurs capacités fonctionnelles quotidiennes et de leur qualité de vie. Le projet examine aussi plusieurs traitements possibles pour améliorer la santé du cerveau, tels que l’exercice, l’entraînement cognitif informatisé, le traitement de problèmes du sommeil. Le but est de déterminer si ces interventions permettent aux personnes vivant avec le VIH d’avoir les idées plus claires et de mieux fonctionner. Les professionnels de la santé pourraient ainsi faire des recommandations plus précises pour améliorer la santé du cerveau à l’avenir. Cette recherche sur des personnes plus âgées atteintes du VIH pourrait aussi faire la lumière sur les facteurs qui entraînent des changements au cerveau et une perte de mémoire au sein de la population générale.
« En attendant les résultats de notre étude, nous recommandons aux gens atteints du VIH de bien prendre soin de la santé de leur cerveau : cessez de fumer, faites régulièrement de l’exercice et dormez suffisamment », a indiqué Lesley Fellows, neurologue à l’INM et chercheuse principale de l’étude. « Réduisez au minimum la consommation de drogues ou d’alcool qui pourrait ralentir les fonctions du cerveau. Ayez une alimentation saine à base de beaucoup de légumes, de grains entiers et de poisson. Restez actif et engagé mentalement, que ce soit au travail, dans des activités de bénévolat, ou en contexte de passe-temps ou de groupe social. Ces recommandations sont valables pour tous, mais particulièrement importantes si vous avez le VIH. »
Cette recherche est soutenue par une subvention d’équipe des Instituts de recherche en santé du Canada, ainsi que par le Réseau canadien d’essais cliniques sur le VIH, et la Fondation canadienne de recherche sur le SIDA.