Prédire le devenir des patients souffrants d'une lésion cérébrale traumatique sévère
Une équipe pluridisciplinaire du CUSM met en avant les meilleurs outils prédictifs et définit les grandes tendances d'évolution des patients.
" Comment va-t-il s'en sortir? ". Suite à un accident et à la
lésion cérébrale traumatique sévère (LCT-s) d'un proche, la réponse
à cette simple question peut tout bouleverser.
La dernière étude menée par les Dre Elaine deGuise, Joanne Leblanc,
et Mitra Feyz et tous les praticiensdu Programme de traumatisme
crânio-cérébral pour adultes du Centre Universitaire de santé
ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ (CUSM) décrit les outils les plus efficaces pour y répondre
objectivement quand les patients sortent des soins intensifs. Elle
a été publiée récemment dans le Journal of head trauma
rehabilitation.
Permettre de meilleurs conseils et un suivi mieux
structuré
" Cette étude est unique en son genre car elle a impliqué une
équipe pluridisciplinaire. Nous avons donc pu évaluer les patients
sous des angles multiples et en établir une image globale, " se
réjouit la Dre deGuise. " C'est important car, au-delà des conseils
que nous pouvons prodiguer aux familles, cela nous permettra de
mettre en place un programme complet de continuité des soins sur
des bases plus objectives et scientifiques. "
Des outils prédictifs puissants
Lorsque les patients souffrant d'une LCT-s quittent les soins
intensifs (c'est-à -dire entre 20 et 29 jours après leur accident)
ils subissent des tests standards pour évaluer leurs capacités
globales et les orienter vers les structures les plus appropriées
pour accélérer leur convalescence.
Cette étude a prouvé que ces résultats permettent aussi de prédire
l'évolution future de leur état général. Les tests utilisés
comprennent les échelles GOS-E (Extended Glasgow Outcome Scale),
NBRS-R (Neurobehavioral Rating Scale-Revised), et FIM (Functional
Independence Measure).
" Les tests qui sont effectués de façon régulière sur tous nos
patients souffrants d'une LCT-s sont des outils très efficaces pour
renseigner les familles sur les déficits et les possibles
évolutions du patients suite à l'accident, " explique J. Leblanc. "
Les facteurs qui influencent cette évolution post-traumatique sont
nombreux, mais les échelles de mesures sont suffisamment complexes
pour permettre de faire des prédictions réalistes tant sur le
devenir physique, que cognitif ou émotionnel, des patients. "
Les déficits cognitifs et émotionnels
persistent
L'étude se base sur le suivi de 46 patients, de 2 à 5 ans après un
accident ayant entrainé une LCT-s. Les patients ont refait les
tests GOS-E, NBRS-R et FIM pour l'étude. Puis les chercheurs ont
comparé leurs résultats avec ceux qu'ils avaient obtenus pour les
mêmes tests à l'époque de leur sortie des soins intensifs.
Les chercheurs ont ainsi pu déterminer que leurs fonctions
physiques et leur capacité à effectuer des taches quotidiennes
s'étaient améliorées avec le temps. Par contre leurs facultés
cognitives et émotionnelles, c'est-à -dire leurs capacités Ã
effectuer des taches plus complexes et à évoluer en société,
n'avaient pas suivi la même évolution positive.
" Ces déficits cognitifs et émotionnels peuvent avoir des
conséquences importantes : la plupart de nos patients n'ont pas pu
conserver le même emploi après leur accident, " explique la Dre
Feyz. " Cela entraine d'autres problématiques psycho-sociales qui
débouchent souvent sur une vulnérabilité psychologique. 52% des
patients observés pour cette étude présentaient des troubles
dépressifs ou d'anxiété de deux à cinq ans après leur accident.
"
Les implications d'un accident suffisamment grave pour entrainer
une LCT-s ne se limitent pas au patient. Son entourage proche et
tout le système de santé sont également mobilisés, ce qui entraine
des conséquences émotionnelles et financières non négligeables. La
prévention de tels évènements reste encore la meilleure façon de
les gérer.
Cette étude a été financée par la Fondation de l'Hôpital
Général de Montréal du CUSM, et par le Ministère de la
Santé et des Services Sociaux.
La Dre Elaine deGuise est neuropsychologue au
Centre Universitaire de Santé ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ. Elle travaille au sein du
Programme de Traumatisme crânio-cérébral à l'Hôpital Général de
Montréal au CUSM.
Joanne Leblanc est orthophoniste dans le Programme
de Traumatisme crânio-cérébral pour adultes à l'Hôpital Général de
Montréal du CUSM.
La Dre Mitra Feyz est chef du Programme de
Neurotraumatologie pour adultes à l'Hôpital Général de Montréal du
CUSM.
Le Centre universitaire de santé ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ
Le Centre universitaire de santé ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ (CUSM) est un centre
hospitalier universitaire intégré, reconnu à l'échelle
internationale pour l'excellence de ses programmes cliniques, de sa
recherche et de son enseignement. Les hôpitaux partenaires sont :
l'Hôpital de Montréal pour enfants, l'Hôpital général de Montréal,
l'Hôpital Royal Victoria, l'Hôpital et l'Institut neurologiques de
Montréal, l'Institut thoracique de Montréal et le Centre
hospitalier de Lachine. Le CUSM a pour objectif d'assurer aux
patients des soins fondés sur les connaissances les plus avancées
dans le domaine de la santé et de contribuer au progrès des
connaissances.
L'Institut de recherche du Centre universitaire de santé
McGill (IR CUSM) est un centre de recherche de réputation
mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et des soins de
santé. Établi à Montréal, au Québec, il constitue la base de
recherche du CUSM, centre hospitalier universitaire affilié à la
Faculté de médecine de l'Université ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ. L'Institut compte plus
de 600 chercheurs, près de 1 200 étudiants diplômés et
postdoctoraux et plus de 300 laboratoires de recherche consacrés Ã
un large éventail de domaines de recherche, fondamentale et
clinique. L'Institut de recherche est à l'avant-garde des
connaissances, de l'innovation et de la technologie. La recherche
de l'Institut est étroitement liée aux programmes cliniques du
CUSM, ce qui permet aux patients de bénéficier directement des
connaissances scientifiques les plus avancées.
L'Institut de recherche du CUSM est soutenu en partie par le Fonds de la recherche en santé du Québec. Pour de plus amples renseignements, consulter l'adresse .