Pour la docteure Virginie Dubuc, la mĂ©decine de famille est une discipline unique, hautement stimulante intellectuellement et profondĂ©ment ancrĂ©e dans la communautĂ©. Ce qui l’anime avant tout, c’est la relation humaine et le lien de confiance qu’elle tisse avec ses patients au fil des annĂ©es. « C’est un peu comme un mariage, pour le meilleur et pour le pire, dans la santĂ© comme dans la maladie. »Ěý
La médecin de famille trouve particulièrement gratifiant d’assister à des moments clés de la vie de ses patients, comme la naissance de leurs enfants, ou de les soutenir face à des difficultés, comme l’apparition de troubles cognitifs en vieillissant. « Il y a quelque chose de très touchant dans le suivi longitudinal : avoir leur confiance et leur affection est l’une de mes plus grandes récompenses. »
La Dre Dubuc apprécie également la liberté et la diversité qu’offre la médecine de famille. « On voit des patients de 0 à 99 ans. On ne peut pas tout savoir, mais il est essentiel de reconnaître ses limites pour référer un patient à un spécialiste. »
La mĂ©decine de famille en rĂ©gionĚý
Depuis cinq ans, la Dre Dubuc supervise des rĂ©sidents en mĂ©decine de famille au Groupe de mĂ©decine de famille universitaire (GMF-U) Jardins-Roussillon, Ă Châteauguay, l’un des sites de formation de la FacultĂ© de mĂ©decine et des sciences de la santĂ© de l’UniversitĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ (qui en compte aussi Ă Gatineau et Val-d’Or, notamment). Ă€ la crĂ©ation du nouveau GMF-U de Vaudreuil-Soulanges, dans l’ouest de la MontĂ©rĂ©gie, la Dre Dubuc a Ă©tĂ© recrutĂ©e comme directrice locale de l’enseignement – un rĂ´le sur mesure pour cette leader dynamique connue pour son esprit d’initiative. « C’est super stimulant de participer Ă la crĂ©ation du programme et des stages. »
À son avis, la médecine de famille est « peut-être mieux valorisée » hors des grands centres, où l’esprit de communauté est encore plus fort qu’ailleurs. « On va un peu plus loin aussi dans notre pratique avant de référer le patient à un spécialiste », ajoute-t-elle en mentionnant que Vaudreuil-Soulanges et Châteauguay sont assez proches de Montréal, ce qui pourrait être le meilleur des deux mondes pour les étudiants en médecine.
La supervision : une « bouffĂ©e d’air frais »ĚýĚý
Dans un GMF-U, les résidents en médecine de famille suivent leurs propres patients, qu’ils voient pour des consultations ou des renouvellements de prescriptions, sous la supervision de médecins de famille enseignants.
La Dre Dubuc apprĂ©cie particulièrement le contact avec les apprenants, qu’elle dĂ©crit comme empathiques, curieux et avides d’apprendre. « La mĂ©decine de famille demande un savant Ă©quilibre entre le savoir scientifique et l’intelligence Ă©motionnelle », dit-elle. Elle aime les voir progresser, partager avec eux des conseils pratiques et leur montrer la diffĂ©rence entre la thĂ©orie et la rĂ©alitĂ© sur le terrain.Ěý
« Au dĂ©part, les Ă©tudiants frappent un mur en Ă©tant confrontĂ©s au système de santĂ© quĂ©bĂ©cois. Par exemple, ils ne rĂ©ussissent pas toujours Ă rĂ©fĂ©rer leur patient Ă un spĂ©cialiste comme un psychologue en raison des listes d’attentes trop longues. Cette prise en charge des patients peut faire peur Ă certains rĂ©sidents en mĂ©decine familiale », croit-elle.Ěý
En pratique clinique, les mĂ©decins de famille doivent aussi composer avec un flot d’émotions et d’attentes de la part des patients pour soulager leurs diffĂ©rents maux. « Nous absorbons beaucoup de leurs problèmes et nous sommes aussi plus accessibles que d’autres spĂ©cialistes », souligne la Dre Dubuc.Ěý
Cependant, en supervision, l’atmosphère est bien différente. « Avec les résidents, je peux les aider à se décharger de cette pression. Cela me redonne de l’énergie et me permet de les aider à prendre du recul tout en partageant ma passion pour la profession », explique-t-elle. Cet accompagnement représente une « bouffée d’air frais » pour la Dre Dubuc. « Je n’ai pas l’impression de travailler; c’est un véritable bonheur de superviser! »
La directrice locale de l’enseignement a recrutĂ© d’anciennes rĂ©sidentes qu’elle a supervisĂ©es au GMF-U Châteauguay et qui sont restĂ©es dans la rĂ©gion pour exercer. « Elles ont acceptĂ© de me prĂŞter main-forte en choisissant de devenir superviseures Ă leur tour », lance avec fiertĂ© la Dre Dubuc. Ă€ terme, 25 mĂ©decins de famille et 16 rĂ©sidents sont attendus au GMF-U de Vaudreuil-Soulanges. La rĂ©gion aura encore plus besoin de mĂ©decins de famille avec l’ouverture de son nouveau centre hospitalier, prĂ©vue en dĂ©cembre 2026.ĚýĚý