Des rots moins polluants
Avec ses rots et ses pets, une vache laitière émet chaque année une quantité de méthane équivalant aux émissions de GES d’une voiture qui parcourt 20 000 kilomètres. Ottawa vient d’autoriser la mise en marché d’un additif alimentaire qui risque de transformer la lutte contre le réchauffement climatique à la ferme. Le 3-NOP permettrait de réduire en moyenne de 30 % les émissions de méthane d’une vache laitière et en moyenne de 45 % celles des bovins de viande.
Comment ça marche ?
Le méthane se forme dans le rumen – soit le compartiment avant de l’estomac des bovins – pendant la digestion.
« Dans le rumen, on a des [millions de milliards] de micro-organismes. […] on est dans les 15 zĂ©ros après le 1 ! Donc il y en a vraiment des quantitĂ©s astronomiques », AndrĂ©anne La Salle, agronome et ChargĂ©e d’enseignement au programme de Gestion et technologies d'entreprise agricole du campus MacDonald de l’UniversitĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ, .
Parmi ces micro-organismes se trouvent les archées (Archea en latin). Elles libèrent du méthane combinant des molécules d’hydrogène et de CO2 issues de la digestion.
« C’est Ă ce moment-lĂ que la vache va roter le mĂ©thane et qu’il va ĂŞtre libĂ©rĂ© par sa bouche dans l’environnement. Le 3-NOP va diminuer le [nombre d’archĂ©es ou les empĂŞcher] de se dĂ©velopper », ajoute Młľ±đĚýLa Salle.
Les Producteurs laitiers du Canada veulent atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Cet outil changera-t-il la donne ?
C’est un outil intĂ©ressant, Ă condition que les entreprises agricoles aient les moyens de l’utiliser, estime Młľ±đĚýLa Salle. Cette dernière Ă©value que le coĂ»t quotidien du 3-NOP tournera autour de 50 cents par vache.
« Cinquante cents par vache par jour, ça ne sonne pas beaucoup quand on le dit juste comme ça, mais si on regarde un troupeau laitier moyen au Québec, on parle d’environ 75 vaches en lactation à l’année, multipliée par 365 jours, faites le calcul : ça donne dans les 13 000 $. Et quand on parle d’une ferme de 75 vaches, on parle du revenu familial d’une famille », souligne-t-elle, ajoutant qu’il pourrait être intéressant de subventionner les producteurs qui décident de l’utiliser.