Le crabe vert, le « parasite de l’océan », est une espèce envahissante et rustique qui cause bien des ravages sous l’eau.
Selon Pêches et Océans Canada, ce prédateur vorace compterait parmi et pourrait perturber l’équilibre global de l’écosystème marin.
Qui plus est, les femelles peuvent pondre jusqu’à 185 000 œufs une ou deux fois par année.
Un nouveau projet de recherche de l’Université ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ, réalisé en partenariat avec Parcs Canada, vise à transformer le défi que pose cette espèce envahissante en une solution applicable mondialement au problème du plastique.
À l’heure actuelle, une proportion alarmante du plastique utilisé dans le monde se retrouve dans les océans.
Une équipe de recherche dirigée par Audrey Moores, professeure agrégée au Département de chimie de la Faculté des sciences de ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ, compte utiliser la carapace de crabe vert pour produire un nouveau type de plastique qui serait biodégradable dans les océans.
La professeure a amassé plus de 12 500 $ pour le projet par l’entremise de la plateforme de sociofinancement de l’Université ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ, Semer le changement, ce qui a permis à son équipe de recevoir 37 500 $ du du Marine Environmental Observation, Prediction and Response Network.
Parcs Canada s’est quant à lui engagé à fournir une aide financière de 20 000 $.
Parcs Canada, qui s’emploie à enlever les crabes envahissants des eaux côtières de la Nouvelle-Écosse, a communiqué avec la chercheuse. Les efforts de l’organisme ont aidé à restaurer l’écosystème et les herbiers de zostère du parc national Kejimkujik Bord de mer. Mais ils ont aussi entraîné la production de déchets de crustacés que le laboratoire de recherche d’Audrey Moores utilise pour ses travaux sur le bioplastique.
La carapace des crustacés contient de la chitine, une substance fibreuse pouvant être transformée en chitosane, un biopolymère entrant dans la fabrication de fils de suture et de pansements ainsi que de cosmétiques et de filtres pour le traitement des déchets municipaux.
Audrey Moores et son assistant de recherche, Thomas Di Nardo (M. Sc. 2018), ont .
L’équipe de la professeure Moore a utilisé la carapace de crabe, de homard, de crevette et d’insecte et, chaque fois, la transformation de la chitine en bioplastique était réussie.
L’équipe est persuadée qu’elle obtiendra les mêmes résultats avec la carapace de crabe vert, mais elle doit vérifier cette hypothèse, précise Mme Moores.
Après cela, le travail passera du laboratoire à une installation au parc national Kejimkujik Bord de mer, où l’équipe transformera la carapace en chitosane et démontrera la faisabilité de cette transformation.
L’équipe fera ainsi d’une pierre deux coups : fabriquer du bioplastique durable et réduire les dommages causés par une espèce envahissante, entraînant du même souffle des retombées économiques.
« Si nous réussissons à transformer cette substance en bioplastique, la population locale pourra alors tirer un revenu de ces déchets [de crustacés] », affirme Audrey Moores.
Parallèlement à ce nouveau projet de recherche, son laboratoire continue de travailler à la transformation de la chitine en chitosane. « Nous essayons d’élaborer des produits que nous pourrions fabriquer à partir du nouveau bioplastique », explique-t-elle.
Les travaux d’Audrey Moores sont axés sur la chimie verte, une discipline où les chercheurs s’efforcent de diminuer l’empreinte écologique et les effets néfastes pour la santé de l’industrie chimique.