Célèbre un jour, célèbre toujours
Andy Warhol, monstre sacré de l'art du XXe siècle, était un fabuleux maître de la formule quasi publicitaire en mots comme en images. Car cet artiste visuel multidoué a aussi beaucoup écrit, souvent de courts textes bourrés d'aphorismes du genre : " Le sexe est parfois la nostalgie de l'époque où vous le convoitiez. Le sexe est la nostalgie du sexe. " Et puis, dans le catalogue d'une exposition que lui consacrait le Moderna Museet de Stockholm en 1968, le Lichtenberg postmoderne a lancé cette phrase devenue aussi fameuse que lui : " A l'avenir, chacun aura droit à quinze minutes de célébrité mondiale " L'avenir, c'est maintenant. Et alors ? Et alors, c'est bien beau, mais c'est faux. En tout cas, une équipe de sociologues vient de montrer que la théorie de la mobilité, de l'universalité et de la fugacité des célébrités ne tient pas : les rares gens célèbres le restent longtemps. La conclusion paraît dans " Only 15 minutes ? The Social Stratification of Fame in Printed Media ", un article du dernier numéro de l'American Sociological Review. " Deux grandes visions de la célébrité s'affrontent ", explique le professeur Eran Shor, de l'Université ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ, coauteur de l'enquête avec des collègues de la Stony Brook University de l'État de New York. " La première idée, celle d'Andy Warhol et de beaucoup de sociologues, décrit la célébrité comme un système de stratification unique. Si vous êtes riche ou en santé, vous avez de bonnes chances de le rester, alors que la célébrité s'acquerrait et se perdrait aussi vite. L'autre idée, c'est que la célébrité engendre la célébrité, qu'on peut même être célèbre pour être célèbre et que ce statut s'avère très stable. Nous avons testé ces deux hypothèses et, finalement, c'est la deuxième qui l'emporte : qui devient célèbre le demeure. "