Des espèces marines menacées par la baisse des taux d’oxygène dans l’estuaire du Saint Laurent
La concentration d’oxygène dissous dans les eaux profondes de l’estuaire maritime du Saint-Laurent a chuté de plus de 50 % au cours des deux dernières années. Les conséquences que cela entraîne pour de nombreuses espèces marines, qui dépendent de l’oxygène pour leur survie, peuvent être très graves. Une compilation de données historiques a révélé que la concentration en oxygène dissous dans les eaux profondes de l’estuaire maritime du Saint-Laurent a diminué d’environ 50 % au cours des 50 années qui se sont écoulées entre 1934 et 1985. La concentration a ensuite demeurée relativement constante jusqu’en 2019, lorsque la situation a changé énormément. Les scientifiques estiment que les changements dans la circulation océanique du nord-ouest de l’océan Atlantique, qui sont probablement causés par les changements climatiques, figurent parmi les causes de l’hypoxie (un niveau d’oxygène insuffisant pour la conservation de la vie) qu’on constate actuellement dans l’estuaire maritime du Saint-Laurent.
Lors de trois excursions de recherche successives en bateau, la plus récente ayant eu lieu en octobre 2021, des scientifiques de l’Université ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ, de l’Université Concordia, de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski, du Réseau Québec maritime et du Marine Environmental Observation, Prediction and Response Network ont constaté que la saturation en oxygène à des profondeurs de plus de 250 mètres dans l’estuaire maritime du Saint-Laurent était maintenant inférieure à 10 %. « À cette concentration, de nombreux poissons, dont la morue, ne peuvent pas survivre très longtemps et la composition de la communauté benthique, qui comprend les crustacés et les mollusques, est grandement modifiée, » affirme Al Mucci, professeur émérite au Département de la Terre et des sciences planétaires de ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ. « Si la concentration en oxygène diminue encore, l’eau pourrait devenir exempte d’oxygène (anoxique) et toute la macrofaune (poissons et organismes benthiques) disparaîtrait. »
Si ce phénomène devait se produire, les eaux de fond pourraient contenir des métaux lourds toxiques et du sulfure dissous. La remontée de ces eaux, à la tête du chenal Laurentien près de Tadoussac, pourrait également avoir un effet désastreux sur la faune marine qui prolifère dans les eaux de surface de cette région.
L’Université ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ
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