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Mesurer l’incidence de l’activité humaine sur la biosphère : une tâche plus ardue qu’il n’y paraît

Une nouvelle étude met en lumière les problèmes méthodologiques associés à l’évaluation des répercussions de l’activité humaine sur la biosphère
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 12 October 2018

Les perturbations de l’environnement attribuables Ă  l’activitĂ© humaine sont-elles Ă  l’origine de changements Ă©volutifs chez les animaux et les plantes? Les rĂ©sultats d’une nouvelle Ă©tude rĂ©alisĂ©e par des chercheurs de l’UniversitĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ indiquent qu’en moyenne, ces perturbations ne semblent pas accĂ©lĂ©rer le processus de sĂ©lection naturelle. Si cette dĂ©couverte peut sembler rassurante, elle pourrait s’expliquer par le nombre limitĂ© d’espèces pour lesquelles des donnĂ©es sont disponibles.

De nombreuses études ont démontré que l’activité humaine accélère le rythme auquel évoluent certaines espèces : ainsi, les poissons de certaines espèces deviennent souvent plus petits au fil du temps après que les hommes en aient pêché, de façon sélective, les plus gros représentants; les mauvaises herbes et les insectes ravageurs deviennent résistants aux pesticides, et les agents pathogènes sont de plus en plus résistants aux antibiotiques.

Une Ă©±ą´Ç±ôłÜłŮľ±´Ç˛Ô rapide en rĂ©ponse Ă  l’activitĂ© humaine pourrait ĂŞtre attribuable Ă  un renforcement de la sĂ©lection naturelle, un facteur dĂ©terminant du rythme de l’鱹´Ç±ôłÜłŮľ±´Ç˛Ô. Afin de mieux comprendre l’importance de ce phĂ©nomène, Vincent Fugère et Andrew Hendry, du DĂ©partement de biologie de l’UniversitĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ, ont passĂ© en revue des milliers d’articles scientifiques sur le sujet. Ils en ont retenu 40, dans lesquels les auteurs estimaient la « force de sĂ©lection » – la mesure dans laquelle un trait en particulier est liĂ© Ă  la survie ou Ă  la rĂ©ussite de la reproduction (valeur adaptative du phĂ©notype) – tant dans les milieux perturbĂ©s par l’activitĂ© humaine que dans les milieux naturels. Ces articles portaient notamment sur une espèce de mauvaise herbe observĂ©e dans des prairies arrosĂ©es ou non d’herbicides ainsi que sur une population de requins avant et après la construction d’une station balnĂ©aire ayant altĂ©rĂ© l’habitat de la mangrove environnante.

Après avoir passé en revue les 40 études retenues, les auteurs ont compilé des estimations portant sur 102 traits chez 37 espèces différentes. Ils ont ensuite eu recours à des modèles statistiques afin de déterminer si, en général, la sélection était plus forte dans les milieux perturbés par l’activité humaine. Bien que certaines perturbations s’étaient traduites par une très forte sélection causée par l’activité humaine, d’autres avaient affaibli le processus de sélection. En moyenne, aucune incidence nette n’a été observée.

« Nous ne prĂ©tendons pas que les perturbations humaines n’influent pas sur l’鱹´Ç±ôłÜłŮľ±´Ç˛Ô; en fait, je suis persuadĂ© du contraire », affirme Vincent Fugère, auteur principal de la nouvelle Ă©tude publiĂ©e dans la revue .

Cette Ă©tude, qui surprendra sans doute certains biologistes Ă©±ą´Ç±ôłÜłŮľ±´Ç˛Ônistes, permet plutĂ´t de constater combien il est difficile de mesurer l’incidence de l’activitĂ© humaine sur l’鱹´Ç±ôłÜłŮľ±´Ç˛Ô de la biosphère.

« Les biologistes savent que de nombreuses espèces qui peinent à s’adapter à des milieux perturbés par l’activité humaine finissent par disparaître, phénomène appelé "extinction locale" », souligne Vincent Fugère. « Les taux d’extinction locale n’ont jamais été si élevés; or, aucune des espèces figurant dans notre base de données n’était disparue localement. Notre principale conclusion s’explique en partie par le fait que les chercheurs étudient peut-être des espèces qui se débrouillent relativement mieux dans des milieux perturbés que la plupart des espèces sur Terre puisqu’il est impossible d’étudier la sélection s’il y a eu une extinction locale. »

Vincent Fugère et Andrew Hendry espèrent que leurs rĂ©sultats orienteront d’autres Ă©tudes sur la sĂ©lection naturelle et permettront de mieux comprendre l’incidence qu’ont les perturbations humaines sur l’鱹´Ç±ôłÜłŮľ±´Ç˛Ô.


Cette étude a été financée par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

L’article « », par Vincent Fugère et Andrew P. Hendry, a été publié dans la revue .

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