Parasite « tropicale » apparait dans l’Arctique
Par Julie Robert,Â
Des chercheurs canadiens décrivent la première éclosion du parasite Cryptosporidium au Nunavik
L’éclosion d'infections Ă Cryptosporidium, un parasite intestinal commun dans les zones tropicales, a Ă©tĂ© identifiĂ©e pour la première fois dans l’Arctique. La dĂ©couverte a Ă©tĂ© faite au Nunavik dans le nord du QuĂ©bec, par une Ă©quipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ (IR-CUSM) en collaboration avec le dĂ©partement de santĂ© publique du Nunavik, l’Institut national de santĂ© publique du QuĂ©bec, et SantĂ© Canada. Cette recherche fait l’objet d’un article publiĂ© rĂ©cemment dans la revue PLoS Neglected Tropical Diseases et pourrait potentiellement avoir des implications Ă plus long terme sur la santĂ© des enfants au sein des communautĂ©s du Nunavik et du Nunavut. Â
« Nous avons Ă©tĂ© très surpris de dĂ©couvrir cette souche de Cryptosporidium dans l’Arctique, car on la retrouve habituellement dans des pays en dĂ©veloppement plutĂ´t qu’en AmĂ©rique du Nord », affirme l’auteur principal de l’étude Dr CĂ©dric Yansouni, qui est directeur adjoint du Centre des maladies tropicales J.D. MacLean au CUSM et professeur au sein de la division des maladies infectieuses du DĂ©partement de microbiologie mĂ©dicale de l’UniversitĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ.Â
Le Cryptosporidium est un parasite microscopique qui peut vivre dans l’intestin des mammifères dont celui de l’humain. Il se transmet par voie fĂ©cale-orale au contact d'une personne ou d'un animal infectĂ©, ou encore par ingestion de nourriture ou d’eau contaminĂ©e. Ce parasite cause une maladie du nom de cryptosporidiose qui se manifeste par des diarrhĂ©es, des crampes, et vomissements. La maladie peut durer plusieurs semaines et peut s’avĂ©rer fatale pour les enfants en bas âge et les personnes avec un système immunitaire faible, comme les personnes avec le VIH, les personnes transplantĂ©es, ou celles qui sont traitĂ©es pour un cancer. Â
Les chercheurs se sont penchĂ©s sur une Ă©closion de Cryptosporidium survenue entre avril 2013 et avril 2014 dans une dizaine de villages au Nunavik. Le groupe de chercheurs, en collaboration Ă©troite avec les Ă©quipes cliniques sur place, ont confirmĂ© la prĂ©sence de la souche Cryptosporidium hominis, qui est transmise d’homme Ă homme et que l’on trouve habituellement dans des pays tropicaux. Â
« Nous sommes particulièrement vigilants car nous savons que les infections rĂ©pĂ©tĂ©es de Cryptosporidium dans les pays en dĂ©veloppement peuvent causer un ralentissement de la croissance et potentiellement affecter le dĂ©veloppement cognitif chez l’enfant », explique Dr Yansouni.Â
Il existe un traitement de la cryptosporidiose aux États-Unis et dans d’autres pays où la maladie sévit, mais actuellement le traitement n’est disponible au Canada que dans des cas exceptionnels via un programme d’accès spécial.
« Ce que nous observons dans l’Arctique, comme dans toute autre rĂ©gion Ă©loignĂ©e, nous rappelle les limites du système de santĂ© en ce qui concerne l’accès aux infrastructures diagnostiques », dit Dr Yansouni qui suspecte beaucoup de cas d’infection non rapportĂ©s.     Â
Au sujet de l’étude
ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đ a Ă©tĂ© coĂ©crite par Karine Thivierge (premier auteur), Asma Iqbal, Brent Dixon, RĂ©jean Dion, BenoĂ®t Levesque, Philippe Cantin, Lyne CĂ©dilotte, Momar Ndao, Jean-François Proulx, Cedric P. Yansouni (auteur principal).Â
Ces travaux ont été rendu possibles grâce au soutien financier de l’Institut national de santé publique du Québec, des Instituts de recherche en santé du Canada, du réseau de centres d’excellence du Canada ARCTICNET, et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
Ă€ propos de l’IR-CUSMÂ
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ (IR-CUSM) est un centre de recherche de rĂ©putation mondiale dans le domaine des sciences biomĂ©dicales et de la santĂ©. Établi Ă MontrĂ©al, au Canada, l’Institut, qui est affiliĂ© Ă la facultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ (CUSM) – dont le mandat consiste Ă se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communautĂ©. L’IR-CUSM compte plus de 460 chercheurs et près de 1 300 Ă©tudiants et stagiaires qui se consacrent Ă divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santĂ© Ă©valuative aux sites Glen et Ă l’HĂ´pital gĂ©nĂ©ral de MontrĂ©al du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des dĂ©couvertes destinĂ©es Ă amĂ©liorer la santĂ© des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du QuĂ©bec – SantĂ© (FRQS).