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Des Ă©tudiants de ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ contribuent Ă  rĂ©duire le risque de problèmes de lecture pour des Ă©lèves de Laval : un modèle de l’approche RĂ©action Ă  l’intervention

Volume 10, numéro 1, 2012

Pour la plupart des adultes, la capacité de lire et d’écrire est un concept relativement simple, appris tôt durant l’enfance et utilisé quotidiennement, sans effort particulier ni réflection consciente. Pourtant, de nombreux enfants éprouvent de la difficulté à lire, et ces difficultés commencent dès l’apprentissage du langage oral (Justice, 2006). En raison de leur maîtrise insuffisante des aptitudes préalables à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, ces enfants risquent d’éprouver des difficultés à l’école, ce qui limitera en bout de ligne leurs débouchés dans la vie. Considérant l’impact que ces compétences langagières de base auront sur la vie de l’enfant, les écoles primaires accordent de plus en plus d’importance à une intervention précoce dans le développement de l’enfant.

Ă€ Laval, durant l’annĂ©e scolaire 2010-2011, la Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier a fait Ă©quipe avec l’École des sciences et des troubles de la communication de ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ afin d’évaluer les Ă©lèves dès la maternelle et d’intervenir rapidement selon un modèle appelĂ© RĂ©ponse Ă  l’intervention (RTI). Cette approche est un modèle Ă  niveaux multiples d’intervention en lecture s’appuyant sur des principes de prĂ©vention (Justice, 2006). Ainsi, les responsables interviennent très tĂ´t auprès de tous les enfants qui ne rĂ©agissent pas rapidement Ă  l’enseignement de qualitĂ© dispensĂ© dans les classes de maternelle, tout en Ă©vitant de cataloguer inutilement les Ă©lèves concernĂ©s (Justice, 2006). Ă€ cette Ă©tape, on ne fait aucune distinction entre les enfants qui prĂ©sentent une rĂ©elle faiblesse en lecture et ceux qui n’ont pas encore Ă©tĂ© assez exposĂ©s Ă  cette aptitude, et qui manquent tout simplement d’expĂ©rience. « La clĂ©, c’est la dĂ©tection prĂ©coce des problèmes et l’intervention rapide », soutient Kia Rashidan, orthophoniste en charge du projet Ă  Sir-Wilfrid-Laurier. « Nous avons dĂ©cidĂ©, non seulement d’évaluer tous les Ă©lèves, mais aussi d’intervenir auprès de ceux qui sont considĂ©rĂ©s comme Ă©tant Ă  risque après cette Ă©valuation initiale. »

Kia a jouĂ© un rĂ´le clĂ© dans la mise en Ĺ“uvre de ce modèle. Selon Justice (2006), l’intervention la plus efficace de l’orthophoniste consiste Ă  s’assurer que les aptitudes en lecture font partie de la formation quotidienne des enfants dès les premières annĂ©es de leur vie, en collaborant avec d’autres professionnels de l’enseignement et en donnant avec eux des formations conjointes. L’orthophoniste doit alors dĂ©tecter et suivre les Ă©lèves Ă  risque d’éprouver des problèmes de lecture, puis coordonner au besoin l’intervention auprès de ces enfants. L’implication des Ă©tudiants de ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ dans le processus d’évaluation et d’intervention a procurĂ© Ă  Kia les ressources nĂ©cessaires pour s’acquitter de cette tâche.

Toujours selon Justice (2006), au premier niveau du modèle RTI, tous les enfants sont exposĂ©s, dans les salles de classe, Ă  l’amĂ©lioration de leurs aptitudes en lecture, et ce dès leurs premières annĂ©es d’école afin de dĂ©tecter d’éventuelles lacunes. Ă€ l’automne 2010, quatre Ă©tudiants Ă  la maĂ®trise en orthophonie de l’UniversitĂ© ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ ont Ă©valuĂ© 49 élèves de maternelle, Ă  l’aide d’un nouvel outil d’évaluation proposĂ© par le personnel de ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ. « Cet outil s’appuie sur les recherches de Hugh Catts et al. (2001), publiĂ©es dans le journal Language, Speech, and Hearing Services in Schools, dans un article intitulĂ© Estimating the Risk of Future Reading Difficulties in Kindergarten Children: A Research Based Model and Its Clinical Implementation (Évaluer le risque de futures difficultĂ©s en lecture chez les Ă©lèves de maternelle : un modèle basĂ© sur la recherche et sa mise en Ĺ“uvre clinique) », explique Kia. « En tout, treize Ă©lèves ont obtenu un rĂ©sultat sous la moyenne et, après une deuxième phase d’évaluation rigoureuse, sept autres Ă©lèves ont Ă©tĂ© perçus comme ayant besoin d’un soutien additionnel. » Selon Kia, ce processus de dĂ©tection est « une première Ă©tape très positive » permettant de s’assurer qu’aucun Ă©lève en difficultĂ© ne passera inaperçu. « Je croise parfois des Ă©lèves dans des classes plus avancĂ©es qui savent Ă  peine lire ou Ă©crire. Il est malheureux que nous ne soyons pas parvenus Ă  dĂ©tecter plus rapidement leurs difficultĂ©s et Ă  les aider plus tĂ´t dans leur vie. »

Dans un deuxième temps, le modèle RTI on s’attarde de plus près aux enfants Ă  risque d’éprouver des difficultĂ©s,en leur fournissant un soutien additionnel et en suivant leurs progrès (Justice, 2006). Au cours de l’hiver 2011, trois Ă©tudiants de ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ sont intervenus, plus particulièrement auprès des sept Ă©lèves identifiĂ©s Ă  l’automne. Laura Dyck et Silvia D’Onofrio, deux des Ă©tudiants en orthophonie de ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ impliquĂ©s dans les interventions de niveau II, ont travaillĂ© avec des petits groupes de trois Ă  six Ă©lèves, en plus de fournir des sessions individuelles. Durant ces interventions, Laura prĂ©cise qu’ils ont utilisĂ© « une variĂ©tĂ© d’activitĂ©s ciblant la conscience phonologique », ce qui serait, toujours selon Justice (2006), la pierre angulaire requise avant de pouvoir envisager par la suite toute intervention en lecture. Les trois Ă©tudiants ont Ă©galement animĂ© des activitĂ©s de lecture et de narration, en plus de concevoir des exercices Ă  faire Ă  la maison Ă  l’intention des parents. Pour mesurer les progrès, Silvia explique : « Nous avons Ă©valuĂ© les donnĂ©es en suivant le pourcentage de prĂ©cision des rĂ©ponses d’une session Ă  l’autre. Nous avons aussi demandĂ© aux enseignants et Ă  leurs assistants, de mĂŞme qu’aux parents, de nous transmettre leurs commentaires, afin de nous assurer que la progression Ă©tait soutenue, et non pas limitĂ©e Ă  une session en particulier. Les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© principalement positifs, poursuit-elle, en ce sens que nous avons toujours observĂ© une certaine amĂ©lioration, mĂŞme modeste. » Laura ajoute que « les enfants ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s avant et après l’intervention, pour mesurer le risque qu’ils Ă©prouvent plus tard des problèmes de lecture ». Le niveau de risque mesurĂ© avant et après l’intervention pour les sept Ă©lèves perçus comme Ă©tant Ă  risque a diminuĂ© considĂ©rablement dans chacun des cas.

« Les élèves ayant besoin de soutien continueront d’en recevoir, précise Kia. Leurs noms figurent dans une liste d’enfants « à suivre », et ils seront évalués de nouveau en deuxième année, voire au-delà. » Il s’agit d’ailleurs de la dernière étape, le niveau III, du modèle RTI. À mesure que les enfants suivis passeront à des niveaux supérieurs, leurs aptitudes en lecture seront évaluées plus en profondeur, et ils recevront alors, au besoin, un soutien éducatif particulier (Justice, 2006).

La mise en Ĺ“uvre du modèle RTI dans les Ă©coles primaires de MontrĂ©al semble ne faire que des gagnants chez tous les intervenants concernĂ©s. Les Ă©tudiants de ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ rĂ©alisent de prĂ©cieux apprentissages concernant l’évaluation ainsi que l’intervention et, plus important encore, ils sont ainsi sensibilisĂ©s Ă  l’importance de dĂ©ployer un tel programme d’intervention en lecture quand ils deviendront eux-mĂŞmes des cliniciens. De plus, la collaboration avec les Ă©tudiants de ÎŰÎ۲ÝÝ®ĘÓƵ procure aux orthophonistes des Ă©coles le personnel nĂ©cessaire pour s’attaquer Ă  une tâche aussi complexe. Mais l’avantage le plus important du fait de rĂ©unir des programmes d’intervention s’appuyant sur des donnĂ©es probantes et de futurs cliniciens encore aux Ă©tudes est que les Ă©lèves du primaire obtiennent l’intervention prĂ©coce et le soutien nĂ©cessaire dont ils ont besoin pour rĂ©ussir plus tard Ă  l’école.

Justice, M. (2006). Pratique s’appuyant sur des données probantes, Réaction à l’intervention, et la prévention des problèmes de lecture. Language, Speech and Hearing Services in Schools, 37, 284-297.

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