Lorsqu'on lui annonce, alors qu'il travaille aux champs dans la ferme de ses parents en Nouvelle-Zélande, qu'il vient remporter une bourse d'études de l'Université de Cambridge, Ernest Rutherford se redresse et déclare : « Je viens de cueillir ma dernière pomme de terre ».
Cette ambition l'a bien servi. Engagé en 1898 par l'Université ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ où le Pavillon de physique Macdonald vient d'être inauguré, Rutherford se fixe comme objectif de caractériser le phénomène de radioactivité récemment décrit. Il en vient rapidement à croire que cette force étrange est le résultat de la désintégration de l'atome, concept révolutionnaire qui, selon Frederick Soddy, alors appariteur au laboratoire du Département de chimie, fait entrevoir « un nouveau monde ».
Soddy est disposé à explorer ce nouveau monde. Il va donc réaliser avec Rutherford des expériences qui vont commencer à dévoiler la structure de l'atome. Les travaux de Rutherford sont si novateurs qu'il doit construire les dispositifs servant à mesurer l'activité atomique. Dès 1903, il publie dans une revue londonienne un article intituléÌýRadioactive ChangeÌýqui va ouvrir le champ de la physique nucléaire. Ses conclusions - l'atome peut être transformé et chaque atome peut être porteur d'une énorme quantité d'énergie - lui valent le prix Nobel de chimie en 1908. Soddy sera quant à lui Prix Nobel en 1921.
Après son départ de ÎÛÎÛ²ÝÝ®ÊÓƵ, Rutherford allait signer d'autres percées, notamment la fission de l'atome en 1913, où il dit avoir « brisé la machine et touché le fantôme de la matière ».
À la mort de celui qu'Albert Einstein lui-même a qualifié de « second Newton », leÌýNew York TimesÌýécrit : « Il était universellement reconnu comme le principal explorateur de l'univers vaste et infiniment complexe de l'intérieur de l'atome, où il pénétré le premier. »